Publié le 24 mars 1999 à 1:01
Le groupe pétrolier espagnol Repsol n’a pas l’intention de lancer une OPA sur 100 % du capital de la compagnie argentine YPF, une opération de 10,8 milliards d’euros. Ayant déjà payé en janvier 1,8 milliard d’euros pour une participation de 14,99 %, Repsol envisage une simple fusion par absorption, avec échange d’actions. « Nous avons trois ans pour préparer cette opération, avec l’appui du gouvernement argentin, qui a encore 5,2 % d’YPF », indiquait hier à Madrid le président de Repsol Alfonso Cortina. Seulement voilà, l’opération envisagée par Repsol nécessite un changement de statut d’YPF, ce qui requiert l’approbation d’au moins 66 % des droits de vote. Or pour l’instant, le conseil d’administration d’YPF s’oppose au projet de Repsol et défend l’idée d’une OPA. « Repsol risque de se trouver dans la même situation qu’Endesa au Chili, pour le contrôle de la compagnie électrique Enersis », estiment les analystes. La prise de contrôle d’YPF joue un rôle fondamental dans la stratégie de Repsol. « Outre la création d’une chaîne intégrée de gaz en Amérique latine, Repsol compte augmenter fortement la part d’exploitation et de production de pétrole, qui ne représente encore que 20 % du résultat opérationnel au lieu de 60 % pour les grandes compagnies pétrolières mondiales. » Les réserves du pétrole d’YPF représentent 3 milliards de barils, contre 1 milliard de barils pour Repsol, qui est cependant plus diversifié. Alfonso Cortina souligne que c’est d’ailleurs grâce à sa stratégie de diversification que Repsol a augmenté en 1998 son bénéfice net de 15,4 %, à 874,5 millions d’euros, alors que la plupart des grandes compagnies pétrolières enregistraient de fortes baisses du fait de la chute du prix du pétrole.
Selon les analystes, la prise de contrôle d’YPF permettrait également à Repsol de renforcer considérablement sa capitalisation boursière. « Repsol vaut aujourd’hui seulement 13,6 milliards d’euros, ce qui en fait l’une des compagnies pétrolières les moins chères et donc susceptible de faire l’objet d’une OPA hostile. » Alfonso Cortina voit néanmoins l’avenir avec beaucoup d’optimisme. « Le renforcement de notre position de leader en Espagne, l’augmentation de la part de production de pétrole dans nos activités, l’expansion internationale axée sur l’Amérique latine et le développement d’une chaîne intégrée de gaz et d’électricité sont les grandes priorités de notre stratégie. » Alfonso Cortina souligne à cet égard que l’entrée d’Endesa dans le capital de Repsol, avec une participation de 3,6 %, achetée 494,4 millions d’euros, « n’affectera pas l’alliance stratégique avec Iberdrola, portant sur la production d’électricité à partir de gaz naturel ».